Les gouvernements russe et norvégien ont, le 9 de ce mois (février 2011), conclu un accord historique mettant fin à une dispute territoriale vieille de plusieurs décades. En trouvant un compromis sur le tracé de leur frontière maritime commune dans les eaux de la mer de Barents, les deux nations effectuent un pas de plus vers une coopération accrue dans les régions arctiques.
C’est à Mourmansk, la plus importante cité russe de la région que fut signé le traité. Si ce furent les ministres des Affaires étrangères des deux pays, Jonas Gahr Støre et Sergey Lavrov qui apposèrent leur signature sur le précieux document, l’attention fut néanmoins accaparée par deux chefs d’État présents, le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg et le Président russe Dimitri Medvedev. Le fait que les deux hommes d’État se soient déplacés en personne ne trompe pas, on n’a pas affaire, avec ce traité, à une délimitation frontalière mineure mais au coup de semonce pour une nouvelle ère de coopération russo-norvégienne.
Cette dispute territoriale était en effet, le seul point d’accrochage majeur encore existant entre les deux puissances qui, ces dernières années, ont vu leurs relations évoluer pour le meilleur. L’origine de cet ancien désaccord est à trouver dans les premières tentatives de délimitation maritime entre les deux pays, qui débutèrent en 1970. Alors que, à l’occasion du tracé de la frontière littorale aux alentours du Varangerfjord, les négociations se passèrent sans incident majeur, celles-ci prouvèrent être plus complexes quand elles atteignirent la pleine mer. Le cœur du problème résidait dans le principe de délimitation à utiliser. La Norvège proposa de définir la frontière par des points équidistants entre les îles et terres les plus proches alors que la Russie était désireuse de placer la frontière sur un méridien bien précis. Après plusieurs années de discussions aussi infructueuses qu’inutiles, un moratoire sur l’exploitation pétrolière fut conclu. En 1978 enfin, un accord sur la pêche dans la zone disputée fut adopté.
Il fallut donc attendre 2010 pour que les gouvernements des deux pays se décident à régler cette ennuyeuse affaire. En avril de cette année un accord fut enfin trouvé. Le territoire marin contesté s’étirant sur 175.000 kilomètres carrés sera grossièrement divisé en deux parts égales, avec un accord sur l’exploitation commune de tout gisement souterrain divisé par la frontière.
Il aura en revanche fallu attendre février de cette année pour que les délégations des deux pays trouvent le temps d’organiser en bonne et due forme une cérémonie de signature qui marquera les esprits. Pour ajouter à l’importance de l’évènement, la Norvège dépêcha également ses ministres de la Pisciculture et de l’Environnement. Quelques jours plus tard, le traité final fut présenté au Storting (Parlement norvégien) et fut voté à l’unanimité, les commentateurs présents soulignèrent par la même le caractère exceptionnel d’un tel accord au sein de la chambre.
Quelques jours après le vote, eurent lieu de nouvelles discussions entre les deux nations, cette fois-ci à caractère militaire. Après s’être officiellement engagé dans un nouveau programme de manœuvres militaires avec le Danemark (voir article), la Russie prévoit de faire de même avec son voisin norvégien. Les manœuvres, qui ont été baptisés POMOR-2011 prévoient la coopération des flottes russes et norvégiennes autour d’une série d’exercices qui devraient se dérouler entre Mourmansk et Tromsø en mai prochain.
Si le traité maritime reste à être approuvé par la Douma (Parlement russe) il ne fait pas l’ombre d’un doute que, en tenant compte de la nouvelle atmosphère d’entente cordiale régnant entre les deux pays, que d’ici à la fin du printemps, la nouvelle frontière deviendra une réalité tangible ainsi qu’un symbole des relations renouvelées entre Oslo et Moscou.