Jamais des capitales européennes de la culture 2011, Tallinn et Turku, n’ont jamais été aussi proches l’une et l’autre. La proximité ne signifie pourtant pas la ressemblance de la programmation.
La mer est présente dans l’histoire et au quotidien des deux villes. Mais si Turku s’appuie souvent sur sa rivière Aura, qui divise l’ancienne capitale finlandaise, Tallinn souligne véritablement le rôle de la mer dans son année culturelle en l’appelant « Tallinn – Histoires de la côte » et en donnant la distance de chaque lieu où se passeront les événements avec la Mer baltique. Pour décrire les grandes lignes des événements de ces deux villes, Turku compte plus sur un profil international, tandis que Tallinn reste plus intime, plus à l’image « d’un secret à découvrir ».
Les capitales culturelles ne manquent pas non plus d’interactivité entre elles. Parmi les spectacles et projets communs, il faut mentionner un projet liant trois villes : Turku, Saint-Pétersbourg et Tallinn. Il s’agit d’une expédition anthropologique culturelle réalisée par deux architectes français, Simon Brunel et Nicolas Pennetier, qui, l’été dernier ont retracé la mémoire et l’histoire partagées par les Finlandais, les Russes et les Estoniens tout au long de leur parcours. Intitulé Kiertotie / Ümbersõit (ce qui signifie le détour), ce projet sera bientôt présenté en ligne sur le site www.detour2011.eu. La deuxième partie du projet, un film documentaire, devrait être terminée cet été et projetée (si le film est terminé) dans les deux villes.
« La Tour dansante » du groupe Aurinkobaletti (littéralement Le ballet du soleil) de Turku propose un spectacle qui se compose de danse, de théâtre et de musique. Il sera présenté dans les deux capitales culturelles. Mis en scène par le Russe Sasha Pepeljajev, « La Tour dansante » réunit des forces créatrices de plusieurs nations et s’adresse à un public de tous âges. Ce show palpitant joué sur une hauteur de 10 mètres convient aussi bien aux enfants qu’aux adultes. La première se déroulera le jour du 30ème anniversaire de cette compagnie de danse de Turku, le 14 avril. Les séances à Turku se dérouleront entre les 16 et 30 avril et du 8 à 11 juin à Tallinn.
Le génie du théâtre contemporain finlandais, M. Kristian Smeds, qui recevra le XIIème Prix européen des nouvelles réalités du théâtre en avril à Saint-Pétersbourg, se réunit à son tour avec les jeunes talents du Théâtre Von Krahl de Tallinn en mettant en scène « Les Frères Karamazov » de Dostoïevski. Intitulé « Karamazov Workshop », la pièce expérimentale aura ses séances uniquement à Turku au Théâtre Manilla entre les 25 octobre et 12 novembre.
Turku à l’esprit national et international
A Turku (Åbo en suédois), les habitants font la distinction entre le « côté » (Täl puol jokke) qui est celui du Dôme, c’est-à-dire le vieux centre et « l’autre côté » (Tois puol jokke) qui est le nouveau centre. Et ce qui divise la ville du « côté » de « l’autre côté », c’est bien naturellement la rivière Aura.
La présentation de la ville moderne et de la vieille ville de Turku (ainsi que les folies de l’architecture urbaine) se fera le 9 avril au Festival du cinéma finlandais où le film documentaire « La bataille de Turku » de Jouko Aaltonen aura son avant-première.
Pour se mettre dans l’ambiance de Pâques et à la musique du compositeur estonien Arvo Pärt, « Passio » ou la « Passion » du groupe de danse renommé ERI propose une expérience sacrale à part au Dôme de Turku à partir de 21 avril.
Les soirées printanières se déroulent aussi au rythme du jazz dans des lieux différents jusqu’à la mi-mai faisant partie d’une série d’une vingtaine de concerts de jazz intitulée « Flame » lancée en janvier.
« Saunalab » (du 1.6. au 31.8.) présente des saunas créés par des artistes finlandais dans différents lieux de la ville (entre autres sur la rivière Aura).
Deux artistes internationalement connus, la Finlandaise Eija-Liisa Ahtila et le Britannique Isaac Julien apportent leurs installations vidéo à la galerie Logomo. « Where is where ?», 2008, d’Ahtila est projeté jusqu’à fin mai tandis que « WESTERN UNION : Small Boats », 2007, de Julien se déroulera de la mi-juin jusqu’à la fin de l’année.
En août, le charismatique chef d’orchestre russe Valeri Gergijev et l’orchestre du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg donnent deux concerts à la Maison des concerts de Turku (les 11 et 12 août).
Pour vivre le côté maritime le plus spectaculaire de Turku, il faut s’y rendre lors les courses des grands voiliers « Tall Ship Races & Regatta » du 26 au 28 août.
Les images idylliques du passé de la bourgeoisie scandinave seront exposées à partir du 16 septembre quand la grande exposition « Rêves de l’harmonie » du peintre suédois Carl Larsson (1953-1919) s’ouvrira au Musée d’Art de Turku.
Tallinn musicale
La tradition des festivals de chant est profondément enracinée dans la culture nationale estonienne. La musique servira ainsi de bonne clef aux plaisirs de l’offre culturelle de Tallinn. La Première de l’œuvre musical « Herääminen » / « Ärkamine » (qui signifie le réveil) du compositeur Erkki-Sven Tüur est composée des éléments de la musique contemporaine et du chant choral. Elle sera présentée le 10 mars dans la salle de concert « Estonia ». À la fin du même mois, la « nouvelle musique estonienne » se lance en force au Tallinn Music Week du 24 au 26 mars. Avril sera dédié au jazz quand le Festival Jazzkaar 2011 se lance à Tallinn (du 20 au 30 avril) avec comme invité principal, le chanteur américain Bobby McFerrin au Nokia kontserdimaja le 29 avril.
Pour les insomniaques, le Musée d’art contemporain KUMU offre des ambiances de boîte de nuit, de salle ce concert et de cinéma, dans la nuit du 20 mai sous le nom de Kumu ÖÖ / Kumun Yö (la nuit de Kumu). Et pour ceux qui ont raté l’Estonie sous l’ère soviétique, il faut profiter de l’exposition « L’hôtel Viru et le KGB » dans l’hôtel du même nom à Tallinn (jusqu’à la fin de l’année).
Article : Susanna Luoto