Alors que l’Union Européenne est en train de réévaluer sa ligne officielle concernant le tabac, le gouvernement suédois, à travers une lettre émise par le ministre de la Santé, urge les décideurs de l’UE de revoir leur copie et d’autoriser enfin la vente de Snus dans l’Union.
Autant au niveau européen que suédois ce ne sera pas la première fois que l’étrange Snus créera le débat autour de lui. Cet étrange produit, sorte de tabac à chiquer moderne, fait partie intégrante de la culture nordique, étant consommé en quantité aussi bien en Norvège qu’en Suède. Cependant, il est interdit de vente dans l’UE à l’exception du royaume suédois.
Cette directive ne date pas d’hier, l’interdiction fut ainsi rendue officielle dès 1992 mais ne fut pas étendue à la Suède lorsque celle-ci joignit l’Union trois années plus tard, les diplomates de Bruxelles ayant probablement compris qu’un bannissement du Snus y serait considéré comme une ingérence inacceptable dans les affaires du pays.
Les Suédois continuèrent donc à consommer le Snus sans crainte d’être un jour dérangés dans leurs habitudes tabagiques par un quelconque avis extérieur, mais, les années passant, les dirigeants des grandes entreprises de tabac suédoises commencèrent à rêver. Que pourrait-on gagner sur le marché européen si le Snus y était légalisé ? Réponse : beaucoup, beaucoup d’argent.
Le Snus, qui est totalement absent du marché européen pourrait ainsi être vendu comme un produit neuf et exotique. Dans ce marché en devenir, il est évident que les compagnies suédoises seraient au premier rang pour rafler la mise, les seuls compétiteurs sérieux sur ce terrain étant leurs homologues américains, bien plus éloignés et moins au fait du marché européen.
Le gouvernement du royaume, toujours à l’affut de nouveaux moyens pour développer l’économie nationale n’eut pas besoin de se faire prier et fut rapidement séduit par l’idée que ses entreprises pourraient inonder l’UE de nouveaux produits suédois.
Il porta donc la question de la légalité de l’interdiction du Snus devant la Cour de justice européenne une première fois en mai 2003. Le jugement, rendu public l’année suivante fut défavorable au royaume scandinave, qui, dans une toute nordique discrétion, ne porta pas le jugement vers d’autres sphères.
Plusieurs années passèrent tandis que la Suède, absorbée dans d’autres débats de la sphère européenne, se fit toute petite sur le dossier du Snus. On entendit même assez peu de protestations de la part du royaume quand, en 2008 la Finlande interdît l’importation de Snus à ses citoyens, ignorant le fait que la population d’utilisateurs de Snus a été estimée à 100.000 personnes en Finlande. En 2009, alors que la Suède assumait le rôle de président tournant de l’Europe, la question fut à nouveau posée mais ne mena à aucun mouvement de la part des officiels européens.
Une autre opportunité vit néanmoins le jour en février de cette année. Profitant de la mise à jour de la politique officielle de l’Union vis à vis du tabac, la Suède, par la voix de son ministre de la Santé, écrivit une lettre ouverte demandant aux officiels en charge de la question de reconsidérer une fois de plus la vente de la tabagique denrée dans l’UE.
Les arguments en faveur de son introduction sont plus ou moins les mêmes que ceux avancés lors des tentatives précédentes. Les défenseurs du Snus s’appuyant sur le fait que leur adoré produit, bien qu’issu du tabac, reste moins toxique que la cigarette. Ses détracteurs en revanche, pointent du doigt le discours ambigu des industriels du tabac qui tentent de vendre leur produit comme une sorte de « Nicorette » inoffensive. Le Snus, au-delà de toutes controverses est avant tout une drogue et est la cause, si consommé de manière régulière, du cancer de la bouche et de la gorge tandis que son effet sur le développement du cancer du pancréas est également un fait établi.
L’étrange produit scandinave, qui fut au centre de tant de polémiques, tant médicales qu’économiques semble bien déchainer toujours autant de passions. Par delà le débat sur la santé publique entourant le Snus, cette affaire est également un parfait exemple de la manière dont les gouvernements tentent d’influer sur la régulation européenne de manière à soutenir les intérêts de leurs industries.
Alors mr le journaliste vous etes payé par les vendeur de cigarette ou quoi ? la Cigerette est bien pire alors a choisir, etant moi meme dependant de la nicotine je prefererai chiquer le snus ! On a le droit de choisir quand meme ! Toute ces interdictions sont le fruit de phillip morris et autre fabricant de cigarette en partenariat avc les lobbys pharmaceutique qui produisent des nicorettes et autres patches qui pesent pour l’interdiction du snus ! Regardez les taux de tous les cancers liés aux tabac en Suede apres refaites un article moin subjectif SVP ! Ce journaliste est minable…
Très cher Brams.
Soyez tout d’abord remercié pour votre constructive participation au Francofil. Sachez que celle-ci est appréciée à sa juste valeur par les membres de la rédaction.
Pour répondre à votre première question, le journaliste en question (Il s’agit, de fait, de ma petite personne) n’aura pas été payé par les vendeurs de cigarettes pour cet article, ni aucun autre d’ailleurs. Étant en revanche quelque peu limité au niveau de mes finances j’accepterais volontiers de troquer mon poste de journaliste au Francofil en échange d’une position dans le lobby du tabac (bureau des relations publiques si possible). Si il vous arrive d’ouïr d’une telle place à prendre n’hésitez pas à me contacter via un nouveau commentaire à cet article.
Concernant votre affirmation que la cigarette est « bien pire que le snus » je ne peux que souscrire à vos propos et affirmer ma plus profonde conviction que le snus, comparé à la cigarette, reste un moindre mal. La théorie que vous exposez et qui lie l’interdiction du Snus à la pression du lobby du tabac allié à sa contrepartie pharmaceutique est très intéressante et mériterait en effet que l’on s’y penche de plus près. La rédaction du Francfil en prend bonne note et n’exclue pas de réserver un de ses futurs articles à la question.
En revanche, votre assertion mi-voilée mi-assumée que le journaliste en question (Moi, à nouveau) aurait une vue biaisée sur la question de la légalité du Snus nous parait quelque peu exagérée. L’article en question, tout du moins selon la rédaction, ne fait que présenter les faits d’une manière aussi objective que possible. Nulle part dans le texte n’apparait une prose dithyrambique vantant les mérites de la cigarette et dénigrant le snus en tant que tel. Le ton critique présent dans l’article vise à souligner les intérêts économiques qu’à la Suède à soutenir une politique de légalisation du snus en Europe. Si il est vrai que le Snus reste moins nocif que la cigarette, celui-ci n’en est pas moins dommageable pour l’organisme. Un des buts de l’article n’était, par conséquent, rien de plus que d’analyser et de commenter les d€clarations du lobby du Snus (car celui ci, il ne faut pas se voiler, existe également) que ce produit ne serait en fait, « pas si nocif que ça ».
L’article n’aura, en conclusion, pas été rédigé dans le but de charger le snus avec tout les maux possible et imaginables mais de présenter la controverse aux lecteurs du Francofil d’une manière aussi informative que possible. la rédaction du Francofil s’excuse platement que l’article en question ait failli à vous présenter ainsi les faits mais ne prévoit pas de réécrire l’article compte tenu du caractère marginal de sa mauvaise interprétation.
Quant à votre opinion que le journaliste en question (moi, toujours) soit « minable », celle çi ne regarde que vous et n’est, malheureusement pour votre parti, que très minoritaire dans le cercle des lecteurs du Francofil.
En espérant avoir répondu à vos attentes et toujours à votre plus cordiale disposition,
Lyonel Perabo, rédacteur au Francofil
Je me joins tardivement à ce débat.
Vous écrivez :
» Le Snus, au-delà de toutes controverses est avant tout une drogue et est la cause, si consommé de manière régulière, du cancer de la bouche et de la gorge tandis que son effet sur le développement du cancer du pancréas est également un fait établi. »
Il y a plusieurs choses à dire.
– Le snus (ou plutôt le tabac) est certes une drogue « au-delà de toutes controverses » mais il n’y a aucun lien entre cela et ce qui suit.
– L’accroissement de risques de cancers par la consommation de snus n’est absolument pas avéré. Il existe des dizaines d’études épidémiologiques sur ce sujet et la relation snus-cancer n’a jamais pu être vraiment établie.
Pourquoi pensez-vous le contraire ?
Probablement pour les deux raisons suivantes :
– certaines études portent sur le tabac oral en général, ce qui inclut des produits autres que le snus qui sont effectivement cancérigènes (le tabac du snus est traité de façon à en retirer la plus grande partie des nitrosamines cancérigènes) ;
– le lien avec le cancer du pancréas résulte d’une étude qui omettait de corriger en fonction la consommation d’alcool. Or, il est apparu ultérieurement que les consommateurs de snus consomment généralement plus d’alcool, d’où le lien apparent. Les études ultérieures n’ont pas confirmé le lien snus-cancer du pancréas.
Vous préférerez peut-être faire une recherche vous-même plutôt que me faire confiance, ce que je comprendrai très bien. Cependant, le point qui me paraît le plus important, et que vous ne mentionnez pas, est que l’on parle ici d’un risque qui dans le pire des cas serait le dixième de celui que fait courir la cigarette, et plus probablement de l’ordre du centième.
C’est cela qui est important, et c’est surtout cela qui me paraît devoir être signalé « au-delà de toute controverse ».
Cordialement,
Jean