Le 18 février dernier un bateau à conteneurs islandais, le Godafoss eut un accident, près de 500 des 800 tonnes de pétrole que contenait le navire s’échappèrent de la coque et causèrent d’importants dégâts sur la faune et la flore de la réserve maritime d’Ytre Havler. Bien que la marée noire soit maintenant stoppée les opérations de nettoyage risquent de demander d’importants efforts.

Affrété par la compagnie Faroe Ship, le navire islandais Godafoss était stationné à Frederikstadt, non loin d’Oslo et était en route pour le port suédois d’Helsingborg pour y délivrer sa cargaison marchande quand, à quelques centaines de mètres de la côte, sa coque heurta une formation rocheuse qui ouvrit une brèche dans ses cuves l’immobilisant pour de bon.
Tandis le pétrole commençait à s’échapper des multiples cavités présentes dans la coque, les autorités maritimes représentées par l’Autorité Côtière Norvégienne (ACN) lancèrent l’alerte et organisèrent aussi rapidement que possible une opération de secours.

Des barrières flottantes furent amenées dès que possible et furent installées autour du navire afin de limiter l’extension de la nappe de pétrole. Ces prompts efforts permirent de colmater la brèche assez rapidement et le 21 février, un porte parole de l’ACN pouvait publiquement déclarer que l’écoulement provoqué par les brèches de quatre cuves à mazout avait cessé.
Si ce problème a ainsi été traité avec toute la célérité nécessaire, il reste la question de la nappe de pétrole qui parvint à s’échapper de l’épave durant les trois premiers jours de la crise. Les experts ont estimé que sur les 800 tonnes de mazout que contenait le navire, environ 500 auraient pu s’échapper, causant une menace immédiate à l’écosystème marin des environs.

D’après le Fond Mondial pour la Nature (le fameux WWF) et ce malgré la rapide réaction des autorités, on aurait pu trouver du pétrole à 100 kilomètres en pleine mer et ce dès le 25 février. La principale raison, comme on a pu l’apprendre lors de la marée noire de Louisiane étant les courants marins qui facilitent la dispersion du pétrole.
Un autre facteur aggravant dans cette affaire est la nature même de l’environnement dans lequel a eu lieu la marée noire. En février, où la température moyenne y frôle les -4 degrés, les côtes norvégiennes de la Mer du Nord sont généralement gelées et la présence de larges plaques de glace rend le nettoyage de la surface marine particulièrement ardu. La WWF a ainsi critiqué l’usage de mazout lourd comme carburant pour navires transitant dans les régions arctiques, le manque d’expérience vis à vis de marrées noires dans ces régions rendant leur résolution plus complexe.

Mais la haute mer n’est pas la seule zone affectée par le mazout. La nappe pétrolière a ainsi atteint les côtes du Parc National d’Ytre Havler à au moins deux endroits. Les autorités ont estimé que le pétrole aurait ainsi causé la mort de quelque 2000 oiseaux de mer alors que l’ACN ordonna l’abattage de plus de 200 autres mouettes mazoutées. Il est en effet difficile de nettoyer correctement les oiseaux affectés par une marré noire, ceux-ci régulant en partie leur température grâce à leur plumage.
Mais les oiseaux ne sont pas les seules victimes de cette marrée noire, le Parc National abrite également dans ses eaux plusieurs espèces de corail qui sont particulièrement vulnérables en cette période de l’année. Les responsables côtiers norvégiens sont également soucieux quant à la future progression de la nappe, celle-ci pourrait en effet atteindre le Parc National de Kosterhavet en Suède, situé juste à l’Est de son homologue norvégien.
Si le navire aura finalement été sauvé et amené dans le port danois d’Odense pour réparations, les innombrables problèmes liés à la gestion d’une marrée noire ne sont pas prêts de disparaître aussi rapidement. En 2009, une marrée noire d’une portée comparable à celle-ci eut lieu à Langesund, Telemark. Avec 200 tonnes de mazout de déversés, les dommages infligés par celle-ci prirent une année à être réparés. Il ne faudra malheureusement pas s’attendre ici à un scénario bien différent.