Le gouvernement de coalition norvégien a décidé, le 11 de ce mois, de reconduire un moratoire sur la création d’installations offshores sur les côtes de l’Archipel des Lofoten. Le gouvernement, qui ne pouvait s’accorder sur cette question, a ainsi décidé de laisser la question en suspens jusqu’à la constitution d’un nouveau gouvernement en 2013.
Le gouvernement norvégien (de coalition) est constitué de représentants de trois partis de centre-gauche, les Sociaux-démocrates, les Verts, et le Parti travailliste. Le Parti travailliste, force politique majeure de la coalition a toujours été favorable à l’extension du champ pétrolifère norvégien. Il fut rejoint dans cette position par les Verts en 2009. Le Parti Social-démocrate en revanche a depuis longtemps été l’un des plus virulents opposants au projet d’extension et ce manque d’unité sur cette bouillante question menaçait directement l’avenir de la coalition.
Les représentants des trois partis se sont donc mis d’accord pour laisser la résolution de cette controverse pétrolière au prochain gouvernement qui devrait émerger des futures élections législatives en septembre 2013. Cette décision fut prise dans le cadre de la refonte du plan de management des ressources pétrolières arctiques qui fut une première fois rédigé en 2006.
Si le gouvernement en eut décidé autrement, la compagnie énergétique nationale Statoil aurait rapidement pu débuter une étude d’estimation des risques pour l’ensemble des champs non encore cartographiés. Ce genre d’études consiste en une large série de tests déterminant les possibles dégâts qu’un tel projet pourrait infliger à l’environnement ainsi que des opérations de cartographie séismiques i.e., la création de mini-tremblements de terre pour déterminer le potentiel d’un champ de pétrole.
Les dernières opérations de ce type, effectuées en 2009 sur plus de 2000 km2 de fonds marins ne parvinrent pas à mettre à jour des réserves aussi importantes qu’espérées. De plus, l’utilisation de cette technique de cartographie sismique a été critiquée par écologistes et pécheurs locaux comme étant nuisible à l’écosystème marin.
Si le gouvernement décida de continuer le moratoire sur l’Archipel des Lofoten, il donna en revanche son feu vert pour la tenue de tests préliminaires dans les zones convoitées de la mer de Barents. Ces tests pourraient être conduis dès que l’accord territorial entre la Norvège et Russie sur ces territoires marins auront été ratifiés par la Douma russe, ce qui devrait arriver d’ici la fin du mois (https://www.lefrancofil.com/norvege/actus-norvegiennes/frontiere-maritime-un-accord-apres-40-dattente/).
La création de plateformes pétrolières dans la Mer de Barents a également suscité bien moins d’opposition que les plans concernant les Lofoten. Mercredi, un groupe de plus de 1000 personnes s’étaient en effet rassemblé devant le parlement norvégien pour exprimer leur opposition à toute exploitation pétrolière de l’archipel.
Les Lofoten sont en effet renommées pour posséder un écosystème admirablement bien préservé. Non seulement l’archipel est un havre de paix pour des millions d’oiseaux, que l’on peut également y trouver le plus grand stock de morues atlantiques au monde. Un récif de corail a également été découvert non loin de l’île occidentale de Röst en 2006.
L’archipel tire ainsi une grande partie (environ 40 %) de ses revenus de la pèche à la morue, la plus grande part des rentrées d’argent étant liée au tourisme ; les Lofoten sont en effet l’une des destinations favorites des touristes se risquant à voyager dans le royaume et ses paysages d’une beauté à couper le souffle attirent également de nombreux norvégiens.
Autant la pêche que le tourisme souffriraient de la massive exploitation des champs pétroliers sous-marins, et l’idée de voir le « joyau de la Norvège » souffrir des conséquences de rejets pétrochimiques ou pire, d’une marée noire apparait suffisamment terrifiante a beaucoup pour s’opposer de toute leur âme à ce projet.
Bien que la décision de continuer le moratoire sur l’exploitation pétrolière des Lofoten permette aux acteurs locaux de respirer un peu, le gouvernement fait là preuve de couardise en offrant le cadeau empoisonné qu’est la résolution de ce problème au prochain gouvernement. Pour les écologistes et les défenseurs des fjords du Nordland, de nouvelles batailles pointent à l’horizon. Espérons pour eux que leur détermination à protéger leur terre sera aussi forte en 2013 qu’elle ne l’est aujourd’hui.