Vers la fin annoncée des timbres ?

Après le Danemark, la Suède a elle aussi décidée de faire évoluer son système postal en l’adaptant aux nouvelles technologies. Il sera bientôt possible pour les Suédois de payer l’affranchissement de leur courrier en utilisant leur téléphone portable et ainsi éviter un passage par la case Poste. Une alternative qui n’a pas son lot de complications.

Si le Danemark a pris une petite longueur d’avance su ce terrain et devrait bénéficier de cette évolution dès avril, la Suède n’est pas en reste et devrait offrir cette nouvelle alternative à ces citoyens d’ici l’été. D’un point de vue technique, ce nouveau système jouit d’une intéressante simplicité ; une personne désireuse de poster une lettre pourra ainsi envoyer un sms à un numéro tenu par la compagnie des postes en spécifiant le poids de son envoi et recevra instantanément un message contenant un code qui, une fois recopié manuellement servira d’affranchissement. Simple comme bonjour serait-on tenté de dire, mais ce nouveau système semble toutefois bénéficier d’autant d’avantages que d’inconvénients.

Tout d’abord, il n’est pas dit que tout un chacun soit capable d’estimer correctement le poids d’une lettre ou d’un paquet. S’il reste relativement facile de deviner le poids d’une lettre quand celle-ci n’abrite en son sein qu’une ou deux pages A4, il restera plus difficile d’établir par soi-même le poids d’un paquet plus volumineux, le système prévoyant en effet la prise en charge d’envois pesant jusqu’à 2 kilos.

Si se balader en permanence avec une lourde balance sous le bras ne semble pas être une option particulièrement pratique, il y a fort à parier que l’on puisse bientôt voir de perplexes Suédois peser de gros paquets brunâtres sur les balances des hypermarchés. Une telle vue vaudra certainement son lot de cacahouètes.

Second problème, la rédaction du code d’affranchissement. Si l’idée semble lumineuse, il y a fort à parier qu’elle posera certains problèmes pour les machines en charge de les décrypter. Il est en effet commun dans les postes de part le monde de voir un nombre non négligeable de lettres n’atteignant jamais leur destination du fait de l’écriture illisible de leur émetteur.
Même si rédiger un code comme « 4695PHL654LLP » ne demande pas plus d’efforts que de pouvoir écrire à un quidam vivant à « Saint-Gely-du-Fesc » il est inévitable que certains codes seront difficiles à déchiffrer voir raturés ou simplement incorrects. Au final, ce sera encore et toujours la tâche du postier que de vérifier ces hiéroglyphiques inscriptions.

Et enfin troisième problème, un tel système, si, putativement plus aisé d’utilisation que son prédécesseur ne rendra certainement pas la vie des employés de poste plus aisée. Il ne faut pas être savant pour se rendre compte que si un tel système devient de plus en plus répandu, la profession de postier ne pourra devenir que de plus en plus obsolète. Cela fait dix ans maintenant que les derniers bureaux de poste suédois ont été fermés, laissant aux bureaux de tabacs et autres kiosques le soin d’offrir les services postaux de base.
Dans un monde de plus en plus numérique où même la rédaction de courriels semble (au profit de facebook) être devenue presque universellement redondante, il est en effet à craindre que les nouvelles technologies de communication ne portent un coup fatal à notre bonne vieille poste.

Ce nouveau système si, il est certes pratique et convient bien à une génération de jeunes urbains pressés et connectés en permanence au monde digital, risque bien au final de marginaliser encore plus la poignée d’illuminés à qui il reste encore assez d’esprit romantique pour gouter au bien désuet charme d’une relation épistolaire d’antan.