EMMA, le Musée d’art moderne d’Espoo, vient d’ouvrir sa grande exposition du printemps. Le public a cette fois l’opportunité de se replonger dans l’œuvre foisonnante et onirique d’un des plus grands artistes du XXe siècle : le célèbrissime catalan Joan Miró.
Cette exposition présente en majorité des sculptures de Miró, au nombre de 33 mais également non moins de 64 dessins, peintures et des gravures, tous liés au thème de la sculpture. Cette forme artistique a en effet joué un rôle important dans la carrière de Miró et ce dès les années 1940, période de rupture où il s’intéresse de près à la sculpture, à la céramique et au modelage. C’est particulièrement visible avec sa série d’œuvres de petit format aux motifs de femmes et d’oiseaux, motifs récurrents chez Miró. Des sculptures aux thèmes similaires gagnent en taille pendant les années 1960 et 1970, période pendant laquelle il produit non moins de 300 œuvres. Grâce à la sculpture, Miró pu expérimenter avec de nouveaux matériaux et formes d’expression, chose qui se révélait beaucoup plus limitée avec la peinture. Ses pérégrinations en Tarragone, en Catalogne et dans les montagnes de Palma de Majorque furent aussi une source d’inspiration pour ses œuvres sculpturales. En 1956, Miró construit avec l’architecte Josep Lluís Sert un immense atelier à Palma de Majorque, lui permettant d’entreposer son énorme collection d’objets collectés lors de ses voyages et qui reprenaient vie au travers de ses sculptures : un cintre devenait ainsi une tête, une semelle de chaussure une aile d’oiseau ou un pied.
Fidèle à l’idée développée lors de ses précédentes expositions comme celles consacrées à Monet et les impressionnistes finlandais et au Pouvoir de l’Afrique et les artistes finlandais (auxquelles Le Francofil’ a consacré de précédents articles), EMMA propose de nouveau un parallèle entre l’art international et l’art finlandais. Cette fois-ci, cette exposition miroir s’intitule Miró et l’imaginaire finlandais et présente les œuvres de sept artistes finlandais inspirés par l’univers de Miró : Ole Kandelin (1920-1947), Ernst Mether-Borgström (1917-1966), Rolf Sandqvist (1919-1994), Max Salmi (1931-1995), Kauko Lehtinen (1925-), Antti Vuori (1935-) et Kari Huhtamo (1943-). Plus de 30 peintures, sculptures, dessins et œuvres graphiques sont ainsi exposés et font écho à l’artiste catalan. Issus de l’ancienne génération, Ole Kandelin, Ernst Mether-Borgström et Rolf Sandqvist, font partie de ces artistes d’après-guerre ayant découvert et intégré la nouvelle abstraction, notamment celle de Miró. De leur côté Max Salmi et Kauko Lehtinen, tous deux issus de l’école surréaliste de Turku furent évidemment inspirés par les symboles mystérieux usités par Miró. L’influence de l’artiste catalan sur Salmi est visible dans l’expression quasi enfantine de ses figures humaines, dans la division opérée sur la toile, ainsi que sur ses motifs d’oiseaux et de lune. De son côté, Lehtinen a emprunté à Miró une utilisation très raffinée des lignes et une grande élaboration de la narration. Comme Miró, Ole Kandelin et Max Salmi utilisent tous deux la technique automatique et subconsciente du surréalisme dans leurs œuvres. Quant à Antti Vuori, ses moulages aux courbes organiques rappellent les formes biomorphiques développées par Miró.
Les œuvres exposées dans cette exposition exceptionnelle ont été prêtées par différents musées, fondations et galeries européennes telles que la Fondation Pilar et Joan Miró de Mallorque, le Moderna Museet de Stockholm, le Musée Sara Hildén de Tampere, la Galerie Lelong à Paris, le Musée Didrichsen à Helsinki ainsi qu’un certain nombre de collectionneurs privés finlandais… (Lire l’intégralité de l’article dans la version papier du Francofil’ – numéro 11)
Photo 1 :
F. Català-Roca. Joan Miró. © Photographic Archive F. Catalá-Roca-Arxiu Fotogràfic de l’Arxiu Històric del Col-legi d-Arquitectes de Catalunya.
Photo 2 :
Joan Miró: Personnage et oiseau / Henkilö ja lintu / Person och fågel / Personage and Bird, 1974,
pronssi / brons / bronze, 109 x 49 x 48 cm
Courtesy Galerie Lelong / Photo Fabrice Gibert.
© Successió Miró – Adagp, Paris / KUVASTO 2011