Tandis que l’action militaire de la coalition menée par l’OTAN en est à son quatrième mois, la Norvège et le Danemark, seuls participants nordiques de l’assaut contre Kadhafi, sont sur le point de se retrouver, littéralement, à court de munitions. Les deux pays dont l’aviation aura joué un important rôle dans la campagne militaire de l’alliance se doivent ainsi de réviser leur stratégie et leur position dans le conflit libyen.
Le Danemark et la Norvège, qui n’ont eu dans leur histoire récente, que peu d’occasions de s’engager dans de réels conflits se seraient-ils lancés un peu trop précipitamment dans l’aventure libyenne ? Ce serait bien le cas selon les dires de certains experts qui avancent des chiffres révélateurs. Depuis le début de l’action militaire alliée en Lybie, la Norvège aurait ainsi largué quelque 370 bombes, le Danemark ayant pour sa part été quelque peu plus actif avec un total de 487 bombes utilisées contre les forces de Kadhafi.
Les deux nations, si elles ne se sont pas taillées la part du lion dans ce conflit auront tout de même offert une contribution non négligeable à l’effort de guerre de l’OTAN, on se souviendra par exemple que ce fut un bombardement danois qui aura coûté la vie à Saif al-Arab al-Gaddafi, le sixième fils du dictateur libyen. En revanche, si les deux nations scandinaves étaient préparées à une action militaire d’une ampleur limitée, celles-ci n’avaient peut-être pas prévu que les frappes aériennes de la coalition dureraient si longtemps. Danemark et Norvège sont donc en train de revoir leur stratégie libyenne chacune à leur façon.
La Norvège, faisant face à une pénurie de bombes aura déclaré, à travers son ministre de la Défense Grete Faremo vouloir acquérir plus de munitions tout en annonçant une date butoir pour son retrait du front. La Norvège, qui n’aura pas largué autant d’explosifs depuis la Seconde Guerre mondiale semble donc effectuer là un geste de bonne volonté. Tandis que le nombre d’avions de combat déployés sera rapidement réduit (de 6 à 4), la Norvège devrait cesser toute activité militaire sur le front libyen au plus tard le 1er Aout.
Le Danemark n’aura, au contraire de son cousin norvégien, pas jugé utile d’établir une date butoir pour la cessation de ses sorties militaires sur le territoire libyen. Regardant la pénurie de roquettes dont souffre l’armée de l’air danoise, des sources venant du ministère de la Défense citent un très fort intérêt du gouvernement envers les Pays-Bas dont l’armée est en possession de munitions parfaitement ajustables aux chasseurs danois.
Tandis que l’effort de guerre de la coalition semble s’intensifier et que les rebelles du conseil national de transition gagnent des points (plusieurs villes sur le front de l’Ouest ont été capturées par les insurgés ces derniers jours), la poursuite des frappes aériennes reste une priorité autant pour le contingent de l’OTAN que pour les rebelles. Le coût de la guerre peut en revanche peser lourd dans la stratégie de la coalition. La Norvège n’est ainsi pas le seul pays à annoncer une date butoir pour ses activités. Le parlement des États-Unis aura ainsi voté hier (14 juin) la suspension de toutes nouvelles dépenses liées au conflit Libyen, limitant par là-même la durée de la participation américaine à une soixantaine de jours au plus.
Si la défaite de Kadhafi semble aujourd’hui encore plus certaine qu’elle ne l’était le mois dernier, la résistance que celui-ci apporte à l’action armée dirigée contre ses troupes pourra tout de même se révéler déterminante pour la conclusion finale du conflit.