Problèmes aux frontières danoises, Barroso se fait menaçant

Au milieu du mois dernier le gouvernement danois déclarait, dans un mouvement de concession fait aux nationalistes du Parti Populaire Danois, vouloir réinstituer un contrôle plus strict de ses frontières nationales. (pour plus d’info, lire notre précédent article sur le sujet). Tandis que l’idée fait son petit bonhomme de chemin dans les têtes des politiciens du pays et les nationalistes européens, le Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso appelle l’ensemble des pays de l’union à la prudence.

Il ne s’agit pas de la première lettre que le Président de la Commission européenne aura rédigée au sujet de la remise en cause de l’accord de Schengen. Le mois dernier déjà celui-ci avait adressé une lettre au Premier ministre danois Lars Løkke Rasmussen, rappelant à ce dernier que le Danemark, en tant qu’État membre de la convention ne pouvait unilatéralement rétablir un contrôle systématique de ses frontières.

La lettre, adressée aux 27 pays membres de la convention use d’un ton presque menaçant pour faire passer l’idée que toute tentative d’imitation du mouvement frontalier danois serait une très mauvaise idée. « La Commission n’hésitera pas à intervenir si les fondements essentiels du projet européen sont remis en question ». Le message est clair, la Commission européenne qui aura par le passé puni divers États membres pour des raisons variées est prête à sanctionner quiconque suivra les traces du Danemark.

L’idée danoise de réinstaurer un strict contrôle de ses frontières nationales semble en effet avoir donné des idées à certains. Outre la possibilité que la France et l’Italie tentent, à la suite d’une nouvelle vague d’immigration tunisienne d’exploiter cette idée, les partis extrémistes sont eux aussi plus qu’enthousiastes de jouer sur ce registre.

C’est le cas par exemple du Front National français qui aura récemment diffusé un tract citant le cas danois. « Le gouvernement danois vient de prendre des décisions visant à rétablir des contrôles à ses frontières terrestres et maritimes. Face à l’afflux de migrants tunisiens et libyens, le Danemark ne fait que défendre légitimement ses intérêts nationaux.». Le tract, dans le plus pur style FN (remarquez tout de même que le logo du parti s’est dramatiquement allégé, au contraire du discours qui reste le même) demande entre autres la renégociation urgente des accords de Schengen ainsi que le rétablissement des taxes douanières.

S’il est encore trop tôt pour affirmer que l’exploitation de la controverse danoise se verra instrumentaliser par les divers mouvements de la droite dure européenne, la question de la réforme en tant que telle reste au même point qu’au mois dernier, en l’attente de confirmation. Le vote de la réforme devait au départ avoir lieu le vendredi 24 juin mais du fait de lenteurs dans le processus administratif de la part du comité des taxes, celui-ci est reporté à la semaine prochaine.

Tandis que la controverse autour de la volonté unilatérale du gouvernement danois de rétablir un contrôle systématique aux frontières bat son plein, l’affaire semble prendre une dimension plus globale que prévue. La question de la légitimité d’action de la part du gouvernement n’est aujourd’hui plus le principal centre d’attention mais se voit supplanté par la peur d’une contagion populiste qui, en gagnant les pays voisins, risquerait de mettre à mal le projet européen. Quel que soit le résultat du vote à venir, tout comme l’Euro, l’intégrité des accords de Schengen n’est maintenant plus un sujet tabou.