Selon Jenny Von Bahr, auteur d’un rapport commandé par le think-thank libéral suédois « Timbro » afin d’évaluer la politique d’intégration suédoise, la meilleure façon de stimuler les emplois chez les personnes vivant en Suède mais nées à l’étranger est de réduire les salaires pour les emplois peu rémunérés.
Pour les personnes ayant migré vers un nouveau pays, le travail est une occasion pour la construction de réseaux professionnels, de développement de compétences, d’apprentissage d’une nouvelle langue et d’une nouvelle culture, mais aussi et surtout une source de revenus et une condition d’intégration dans la société d’accueil.
Aujourd’hui, le taux d’emploi des personnes nées à l’étranger est bien plus faible par rapport à la moyenne. Le journal anglophone « The Local » rapporte en effet que ce taux qui atteint seulement 61,8% est bien au dessous de la moyenne nationale qui est de 75,6%. Le chiffre est particulièrement faible chez les femmes (56,6% en 2010). Les principales raisons de cette baisse du taux d’emploi se résument en quatre différents facteurs. La délocalisation vient en première place, vu que le capital humain d’une personne est moins valorisé dans un nouveau pays que chez lui, l’éloignement linguistique et culturel diminue considérablement le salaire lors des premières années de travail. De plus, les employeurs ont du mal à juger les mérites d’un travailleur d’origine étrangère et n’ont souvent pas assez de connaissances sur les normes de l’enseignement supérieur à l’étranger. La tendance à la discrimination est par contre nettement plus faible que dans d’autres pays. Le troisième facteur concerne les salaires. Le SMIC étant élevé en Suède, les personnes ayant une productivité plus faible sont donc exclues. Le chômage élevé chez les immigrants n’est pas une loi naturelle : dans les pays avec un salaire minimum nettement inférieur à la Suède, le taux d’emploi des personnes nées à l’étranger est souvent le même que celui des autochtones, ou même supérieur. Finalement, le système social suédois avantageux peut se retourner contre la volonté de travailler pour un grand nombre de personnes d’origine étrangère. En Suède, une personne peut en effet très bien vivre en se basant seulement sur les prestations de l’État, travailler ne donnera pas ou alors peu d’argent en plus. Le facteur de déplacement renforce encore cette tendance.
L’étude concerne aussi la conception de la politique d’intégration suédoise. Cette dernière a une orientation très claire sur l’intégration et la reconnaissance facteurs de mérite en offrant une formation linguistique, des stages et des mesures de validation. Durant l’année scolaire 2008-2009 par exemple, 110.000 personnes d’origine étrangère ont pris des cours de suédois pour immigrants (SFI) et 70.000 se sont inscrites dans divers programmes de formation pour adultes. Des stages, des opportunités d’emploi et des mesures de validation sont en même temps proposés par le service national d’emplois publics (Arbetsförmedlingen).
L’étude trouve cependant que cette politique est inadéquate. Elle a en effet été mise en place depuis des décennies et n’a que très marginalement augmenté le potentiel d’emploi. La raison en est que les améliorations dans le système d’accueil pour les immigrants nouvellement arrivés ont peu d’intérêt s’il n’y a pas un marché du travail qui prend le relais lorsque la formation prend fin.
Ainsi, et afin de réduire le chômage chez les immigrants, l’accent devrait plutôt être mis sur la réforme des salaires. Une réforme générale qui encouragerait plus d’emplois ne nécessitant pas des compétences linguistiques élevées, et une approche clairement pro-emploi au sein des systèmes des avantages sociaux auront plus de chances de réduire l’exclusion sociale chez les immigrants en Suède.
Article : Anass Sedrati
Cet article est très intéressant. Il touche un domaine presque tabou à savoir la réforme des salaires concernant les immigrés en Suède. Je trouve que la langue suédoise peut en effet être un grand obstacle pour le travail des immigrés et par conséquent peut affecter leurs salaires. De ce fait une politique basée sur des avantages sociaux serait à encourager