Un siècle après la grande migration suédoise vers l’Amérique du nord, des chercheurs de dialectes de Göteborg se dirigent vers l’autre côté de l’Atlantique dans l’espoir d’en savoir davantage sur l’évolution de la langue suédoise, comme l’explique Karen Holst du journal anglophone « The Local ».
Alors que le monde vit une ère de changements et de transformations sans précédent, les questions de savoir comment évoluent les langues et comment les mots, sont créés, empruntés ou rejetés, deviennent de plus en plus persistantes. Pour y répondre, un groupe de cinq chercheurs suédois passera plus d’une semaine dans le Minnesota, un État au nord du centre-ouest connu pour être une région ayant une forte concentration de la communauté américano-suédoise. Le but de la visite sera de mener des entrevues avec des personnes parlant le suédois. Les chercheurs espèrent que leurs efforts aideront à comprendre la façon dont la langue parlée par les migrants suédois il y a un siècle a évolué après son utilisation dans les prairies du Midwest (Etats-Unis) pendant des décennies.
« Quand les gens vivent à l’étranger et ont un contact quotidien avec l’anglais, l’usage de leur langue maternelle commence à être affecté, en particulier à travers les générations », rapporte Jenny Nilsson, membre de l’équipe de recherche de l’Institut de langue et de folklore de Göteborg. « Nous sommes intéressés par la manière dont les deux langues, le suédois et l’anglais, ont interagit l’une sur l’autre et comment la langue suédoise a changé au fil du temps. »
Les résultats seront ensuite comparés avec une vaste étude réalisée dans les années 1960 et 1970 lorsque deux Suédois ont passé presque une année à voyager aux États-Unis en bus. Plus de 600 Suédophones allant de la première à la troisième génération ont été enregistrés à travers tous les Etats-Unis. Il y a à peu près plus d’un siècle, 1,3 millions de Suédois ont quitté leur pays pour les États-Unis. Attiré par les terres fertiles et peu coûteuses du Midwest, le raz de marée a atteint son apogée dans les années suivant la guerre civile, et en 1890, le recensement américain fait état d’une population américano-suédoise de près de 800.000 personnes. En 1910, 100.000 personnes d’origine suédoise vivaient à Chicago, ce qui la rendait la deuxième ville suédoise au monde, après Stockholm. Aujourd’hui, environ 4 millions d’Américains affirment avoir des origines suédoises.
Au États unis de nos jours, la langue anglaise, comme tout au long de son histoire, n’a pas seulement emprunté des mots à partir d’autres langues, mais les a aussi recombiné et les a recyclé pour créer de nouvelles significations, tout en supprimant les mots désuets. L’introduction continue de nouveaux mots dans cette langue en fait un riche champ d’investigation, en dépit de la difficulté de définir avec précision et exactitude le vocabulaire à la disposition des locuteurs.
Les chercheurs suédois tenteront à travers les divers entretiens tenus avec les suédophones d’Amérique « d’écouter la façon dont ils prononcent les mots, structurent les phrases, choisissent les mots et l’effet de l’anglais sur leur expression » souligne Nilsson. À titre d’exemple, l’expression « s’asseoir sur la clôture », qui est liée à la difficulté de prendre une décision, est souvent traduite et utilisée aux États-Unis par un Américano-suédois sous la forme « Sitta på staket ». Or cette phrase peut seulement être interprétée littéralement en suédois, explique Mme Nilsson. D’autres résultats comprennent le mot suédois ‘långsam’, ou lent, qui est utilisé au lieu de ‘Lonesome’ (seul), alors que le terme suédois correct est ‘ensam’.
Nilsson reconnaît qu’il est plus facile aujourd’hui pour les gens de maintenir le contact avec leur langue grâce aux sources d’information en ligne, de la présence de livres suédois, de musique suédoise et des forums sur Internet, choses inaccessibles aux premières générations. L’équipe de Göteborg tient à comparer ses résultats avec toutes les données recueillies au cours des précédentes décennies et les utilisera pour déterminer de nouvelles pistes pour la poursuite d’autres recherches. Mme Nilsson conclut : « Nous n’avons aucune idée sur ce que nous allons trouver. Je pense que la variation du suédois est encore plus grande aujourd’hui qu’il y a 10 ou 50 ans ».
Par Anass Sedrati
La relation des individus avec leurs langues maternelles s’avère très étroite . D’où la nécessité de maintenir le contact avec la langue d’origine pour élargir les canaux de communications et les sources d’informations
Le suédois est une langue très riche et mérite tous ces encouragements. Merci pour cet article