Port d’armes, les chefs de police se prononcent contre

Cet automne, à l’occasion de son Congrès National, la Fédération de police (Politiets fellesforbund) va voter sur la question du port d’armes régulier des forces de police. La Norvège est l’un des rares pays où les policiers ne sont pas automatiquement armés. Mais les attentats du 22 juillet 2011 ont poussé à rediscuter la loi. Cependant, les chefs de police se sont d’ores et déjà prononcés contre cette nouvelle mesure.

Selon une enquête conduite par le journal Bergens Tidende, 25 des 27 chefs de police du pays se disent opposés à la régularisation du port d’arme pour les policiers norvégiens. La majorité des chefs de police partagent la conviction qu’armer les policiers ne fera pas de la Norvège un pays plus sûr.
Selon ces derniers, cette mesure aurait un effet contre-productif en augmentant le risque de blessures : l’arme pourrait être détournée et servir dans le cadre de violences domestiques, ou lors de batailles citadines, … «Avoir l’arme à disposition dans la voiture de police est largement suffisant », affirme Arne Hammersmark, chef de police du district de Gudbransdsdal. Il ajoute que « l’on ne doit pas instrumentaliser les événements d’Utøya pour plaider la cause du port d’arme quotidien ».

« J’espère que les policiers ne disent pas non par habitude, mais qu’ils ont bien pris conscience de la situation. Il est important que personne ne prenne parti », s’inquiète Sigve Bolstad, chef de l’association des Policiers d’Oslo. Sigve Bolstad a dirigé un groupe de travail chargé d’examiner la question de l’armement généralisé de la police norvégienne. Le rapport va tenir un poids central dans la décision que la Fédération de Police (Politiets fellesforbund) prendra en novembre.
« Le sujet est devenu de plus en plus discuté par nos membres, c’est pourquoi nous avons organisé ce groupe de travail qui a interrogé près de 8 000 membres de la Fédération de Police. Ce qui ressort immédiatement de cette enquête c’est que les policiers perçoivent la société comme de plus en plus difficile : l’usage des armes à feu a augmenté et le crime organisé est de plus en plus fréquent. Il ne faut pas être naïf et penser que frapper du poing suffira lorsqu’on est en patrouille », explique Sigve Bolstad. Le chef de la Police d’Oslo ajoute que les attaques terroristes à Oslo et à Utøya, cet été, doivent également jouer un rôle dans la décision de la Fédération.

Torbjørn Aas, chef de police dans le Vestfinnmark, est l’un de ceux qui a publiquement pris position contre l’armement généralisé de la police. « La question que l’on doit se poser est de savoir si les civils tout autant que les agents de police seront plus en sécurité si nous sommes armés. Pour moi, la réponse est non. Cependant, je souhaite développer et améliorer le système actuel : on ne peut pas passer de la matraque au pistolet ; il serait intéressant de trouver un intermédiaire et d’équiper la police de pistolets à impulsion électrique (Taser) », explique Torbjørn Aas.

Sources : NRK, Bergens Tidende