« Je suis chevalier et commandant du mouvement de résistance norvégien. Je ne reconnais pas votre autorité. Vous avez reçu un mandat de ceux qui soutiennent le multiculturalisme, cette idéologie de haine qui veut la destruction de la société norvégienne». Le juge Nesheim interrompt l’accusé et lui demande de répondre à la question « que plaidez-vous». Ce à quoi Behring Breivik répond : « je reconnais les faits, mais je ne reconnais pas de responsabilité pénale ».
C’est ainsi que s’est ouverte, lundi, la première comparution publique d’Anders Behring Breivik, l’auteur des attaques sanglantes du 22 juillet. Se proclamant contre « l’invasion musulmane » et le multiculturalisme en Europe, Behring Breivik a reconnu être l’auteur de l’attentat à la bombe contre le siège du gouvernement norvégien ainsi que de la fusillade contre un rassemblement des jeunes du Parti Socialiste sur l’île d’Utøya. 77 personnes ont péri au cours des deux attaques, essentiellement des jeunes.
Lundi, pour la première fois, l’audience était ouverte aux familles des victimes, aux survivants, à la presse et au public. La Cour avait originellement interdit à la presse de citer les paroles de Breivik, craignant qu’il fasse de cette audience un réquisitoire de ses idées d’extrême droite. L’interdiction de citer l’accusé a par la suite été levée mais il demeure impossible de filmer ou de prendre des photos à l’intérieur du tribunal. L’accusé a tenté de s’adresser aux victimes et aux familles de victimes présentes dans la salle. Une intervention refusée par le juge. L’avocat de Breivik, Me Lippestad, a affirmé en ignorer le contenu.
A l’issue de cette audience, la justice a rejeté la requête de Me Lippestad de libérer son client et prolonge, au contraire, sa détention de douze semaines. Le tribunal a assorti son maintien en détention provisoire d’un contrôle de ses visites et de sa correspondance pendant huit semaines ainsi que d’une interdiction d’accéder aux médias pendant les quatre premières semaines. Ces conditions d’emprisonnement nouvelles représentent un allègement puisque l’accusé avait été placé en isolement total jusqu’au mois d’octobre. Au cours de l’audience, Breivik a qualifié son isolement de « méthode de torture irrationnelle ». Il a poursuivi en décrivant les méthodes utilisées en Arabie Saoudite pour faire parler des prisonniers d’Al-Qaïda. Une fois encore, le juge a coupé court à sa diatribe. Breivik a fait savoir qu’il avait d’abord éprouvé des difficultés à s’adapter à la vie en isolement, mais qu’à présent tout allait bien.
Alors qu’il vient de retourner en cellule, la Cour attend, pour le 30 novembre, les résultats des experts psychiatres qui doivent déterminer si Anders Behring Breivik est pénalement responsables de ses actes. S’il est reconnu pénalement responsable, son procès s’ouvrira le 16 avril 2012.
Ici le dernier rebondissement de « l’affaire Breivik » par une de notre correspondante en Scandinavie Anne-Françoise Hivert POUR lE nOUVEL oBS
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20111129.OBS5595/breivik-echappe-a-la-prison-en-norvege-c-est-la-stupeur.html
En juillet, date de la tragédie, elle avait également fait un portrait éloquent du sinistre tueur sur http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20110727.OBS7711/norvege-breivik-le-croise-de-la-haine.html