Ce n’est plus le » Nystart » (nouveau départ) de l’an dernier mais bien un « Nystop » en ce début d’année pour le leader de l’opposition socialiste en Suède et la nouvelle rose rouge stylisée du SPD est bien pâle aujourd’hui et reflète plus l’éclatement du parti historique suédois qui a régné plus de 70 ans presque sans interruption sur la vie politique suédoise de 1928 à 2006. Cinq ans plus tard la sociale-démocratie suédoise est KO, n’a plus de relève annoncée, est à son plus bas historique depuis sa création en 1889 (le premier et plus ancien parti politique du royaume) et aura du mal à se relever!
Il n’aura pas tenu un an, l’ancien journaliste Haakan Juholt, 49 ans, à la tête du parti social-démocrate suédois. Le dirigeant des sociaux-démocrates, nommé en mars 2011, et leader de l’opposition de gauche Haakan Juholt a annoncé samedi 21 janvier sa démission de la tête de son parti, où il était de plus en plus critiqué depuis sa nomination en mars dernier.
Successeur, à la tête du Parti social-démocrate suédois, de Mona Sahlin, elle-même démissionnaire après sa lourde défaite aux élections de septembre 2010, Haakan Juholt n’a jamais réussi à se faire accepter par les militants ni à redresser sa formation. Depuis l’automne, il a passé beaucoup de temps à se défendre d’avoir indûment touché des indemnités parlementaires, des allocations logements et s’être fait rembourser des billets de trains et des frais de voitures en son nom personnel et à celui de son parti.
Dans un pays où la transparence est reine du jeu politique et où on ne porte pas de valises de billets, les révélations ont plombé toutes les initiatives du de l’ex-nouveau chef de parti et lui ont fait perdre tout crédit dans son électorat. D’autres de ses prédécesseurs sont partis à moindes frais!
Moins de 25% de soutien dans le dernier baromètre contre 35 au mois de mars dernier. Et 15% de confiance contre 68 pour son rival le premier ministre.
Le Parti social-démocrate, dont Haakan Juholt n’était que le neuvième dirigeant depuis 1896, a tenu les rênes du gouvernement en Suède plus de 80% du temps ces quatre-vingts dernières années avec des figures populaires comme Tage Erlander, Olof Palme ou plus récemment Göran Persson. Ce dernier a fini par perdre le pouvoir en 2006 au profit de l’opposition de centre droit, dirigée par le modéré Fredrik Reinfeldt.
En 2010, le SPD avait perdu pour la 2eme fois consécutive des élections générales (un record). Et sans surprise, pour la première fois, un gouvernement de centre droit se faisait réélire avec une majorité presque absolue. Seule la montée des extrémistes lui a fait perdre les deux sièges qui lui manquaient.
Et puis pire encore c’est à l’international que les sociaux démocrates suédois ont perdu si ce n’est leur âme mais en tout cas toute influence sur le sens de l’histoire que leurs aînés voulaient imprimer. En politique extérieure, notamment au Proche-Orient, qu’en diplomates avisés, les dirigeants socialistes suédois considéraient un peu comme leur jardin. Et les représentants qu’ils soient palestiniens, israéliens, égyptiens le leur rendaient bien.
Mais imaginez-vous qu’à l’automne, la Suède s’est retrouvée aux côtés des USA pour opposer son véto à la représentation de la Palestine à l’ONU et à l’UNESCO. Un choc !
Ce SPD dont les principaux dirigeants historiques, dans les années 70 et 80, tiers-mondistes convaincus, organisaient des réunions clandestines de paix à Stockholm entre les Israéliens et les Palestiniens, entre Arafat, Perès et Sadate… La Norvège a depuis pris le relais.
Oui, c’est le canal historique de la sociale-démocratie suédoise, les anciens premiers ministres Olof Palme, Tage Erlander, les anciens ministres des affaires étrangères comme Sten Andersson, et autres Anna Lindh qui doivent se retourner dans leurs tombes ces derniers temps…
C’est l’ancienne commissaire européenne Margot Wahlström qui part favorite pour remplacer Haakan Juholt à la tête du SPD et comme leader de l’opposition. Elle aura le difficile challenge de redresser le parti et de reconstruire une vraie force d’opposition durable pour le présenter en position compétitive en vue des prochaines élections législatives en septembre 2014.